Pouvez-vous résumer votre parcours en quelques lignes?
Après avoir tenté d'entrer à l’École des chartes, je me suis orienté vers la philosophie, tout en gardant une certaine passion pour les lettres classiques. Je prépare actuellement un projet de thèse en philosophie.
Qu'est-ce qui vous a motivé pour participer à ce projet?
C'est l’idée d’un projet qui associait à l’enjeu philologique et théorique la dimension informatique, domaine tout à fait nouveau pour moi, qui m'a motivé.
Sur quel(s) texte(s) travaillez-vous?
Il s’agit d’un traité latin anonyme de la fin du XVe siècle (dont il n’existe, jusqu'à présent, qu’un seul et unique exemplaire au monde !) qui aborde la musique de façon théorique.
En quoi consiste votre travail? Pouvez-vous nous décrire une journée-type?
Il consiste à transcrire un fac-similé de l’unique édition de ce traité, à l'« encoder » en langage XML, c'est-à-dire à y insérer des balises, afin de proposer un affichage multi-optionnel dans la base de donnée qui sera en ligne. Comme il s'agit d'un imprimé assez ancien (c. 1492-1496), l'usage massif d'abréviations, ainsi qu'une typographie et une ponctuation parfois inhabituelles pour nous peuvent rendre la lecture du texte difficile. Une partie importante du travail consiste donc à déchiffrer très précisément le sens du texte, afin de rétablir les mots complets lorsqu'ils ont été abrégés, une ponctuation plus adéquate à notre sensibilité, ainsi qu'à ajouter un ensemble de renvoi à des noms propres ou communs pouvant faire l'objet de notes.
Concrètement, la journée-type se divise généralement pour cela en deux parties, qui correspondent à deux étapes d'une même tâche. Le balisage étant une opération qui peut être longue, on commence tout d'abord par travailler sur un programme (développé par Christophe Guillotel-Nothmann et l'équipe informatique du projet) qui automatise au maximum l'insertion de balises. Une fois ce premier balisage de texte brut fini, la seconde partie de la journée-type consiste à mettre en forme et à finaliser l'affichage du texte ainsi pré-balisé à partir d'un éditeur de texte XML.
En quoi votre profil non musicologique constitue-t-il un atout pour la compréhension et l'édition des textes? A contrario, rencontrez-vous parfois des difficultés, par exemple face à la compréhension de certains termes?
Un profit non musicologique rend peut-être plus sensible à l’exigence de définition des termes techniques qui constituent la langue familière des spécialistes… Cette ignorance qui fait que rien ne va de soi nous oblige à pousser l'investigation à fond. L'attention au texte, qui est au fond à la base de ce travail philologique, peut s'alimenter aussi à travers d'autres regards que celui de la musicologie : littéraire, philosophique, linguistique, etc. toutes ces voies d'accès sont complémentaires et servent aussi en quelque sorte le projet musicologique. Dans l'ensemble pourtant c'est plutôt un défi qui nous pousse à une grande attention, à travailler en équipe, et nous rappelle combien la compétence du chercheur est primordiale. Ce profil non-musicologique a aussi eu le mérite de stimuler sans cesse ma curiosité pour cette nouvelle discipline, qu'on découvre par l'expérience de TMG d'une manière privilégiée.
Souhaitez-vous continuer dans le domaine de la recherche après vos études? Si non, que souhaiteriez-vous faire?
Cette première participation à un projet de recherche me donne envie de continuer, et je vais tout faire pour cela